Ecrire en temps de confinement quelques lignes, dans son journal intime, pour une lettre ou tout simplement faire ses devoirs, nécessite un simple papier et un stylo… et le temps ne manque pas ! Mais lorsqu’on rencontre des difficultés pour écrire, tout acte d’écriture devient inintéressant, désagréable, pénible, compliqué, voire le parcours du combattant. Bref, un effort, voire un très gros effort, qui peut alors peser sur la confiance en soi et sur les notes aux examens.
Le graphothérapeute entre en scène pour rééduquer l’écriture manuscrite en intervenant sur le geste d’écriture, la posture, la tenue de l’instrument graphique puis progressivement se recentrer sur l’écriture elle-même. Sa palette d’intervention est large allant de la résolution de la simple difficulté jusqu’aux retards qui peuvent fortement gêner les apprentissages, en passant par les troubles de la sphère des “dys”, être en lien avec les TDA/H, ou encore les personnes à haut potentiel.
Il est également courant d’accompagner le patient dans l’apprentissage et les automatisations du geste d’écriture, afin qu’il trouve un équilibre entre la lisibilité, la vitesse d’écriture adaptée à son niveau de classe et le coût physique et cognitif engendré. Les symptômes à identifier sont une écriture illisible, peu soignée, lente, une mauvaise tenue du crayon avec crispation, douleurs et fatigabilité ou encore des difficultés à automatiser son écriture.
Par ailleurs, la collaboration régulière avec d’autres spécialistes (orthophoniste, orthoptiste, psychologue, neuropsychologue…) nous permet d’appréhender le patient dans sa globalité.
En temps normal, les séances de graphothérapie sont adaptées et répondent à des objectifs définis lors du bilan d’évaluation. Elles s’articulent autour du geste et la posture pour parvenir progressivement aux gestes de motricité fine.
En distanciel, il n’est pas possible d’appréhender précisément les problèmes d’écriture, car il ne s’agit pas de donner une méthode ou une approche pédagogique stéréotypée. En revanche, poursuivre le travail déjà initié avec certains patients est possible, lorsqu’ils ont intégré la problématique et qu’il existe une interaction de qualité entre le praticien et son patient.
Le protocole peut alors être adapté en un suivi régulier. Ainsi, pendant le confinement, les séances d’un garçon de CM1 ont pu être maintenues et ont évolué avec grand succès. Le confinement ne retardera pas ses progrès : mise en place d’exercices de développement de la mobilité digitale et de musculation des doigts, travail sur l’enchaînement et la progression du geste d’écriture déjà entamé avant le confinement, ainsi qu’une première approche du rythme, de la gestion inter-mots et inter lettres et enfin de la vitesse.
La reprise après le déconfinement de nos séances, ainsi qu’à l’école, s’est donc déroulée de manière beaucoup plus fluide pour lui. La problématique de l’absence de matériel adapté nous pousse à nous réinventer et à réorganiser les séances avec les outils à disposition des patients. Une coopération se crée alors avec le patient qui s’implique davantage, de même que leurs parents pour que la séance soit la plus réussie.
Le graphothérapeute en confinement a su s’adapter aux nouvelles contraintes imposées tout en restant fidèle à son cœur de métier mis au service du patient.


